Jugée pour banqueroute : Magali Berdah au cœur d’un procès explosif à Nice

Elle est considérée en France comme l’ex-reine des influenceurs. Ce lundi 30 septembre 2024, Magali Berdah était jugée à Nice pour des faits remontant à 2013 concernant une société de courtage liquidée. Le parquet a requis une peine de prison ferme, et le tribunal rendra sa décision le 25 novembre.

Influenceuse en chute : la justice réclame 18 mois de prison pour Magali Berdah

Le parquet a requis 18 mois de prison, dont six mois ferme sous bracelet électronique, contre Magali Berdah, l’ex-« papesse des influenceurs », jugée lundi 30 septembre 2024 à Nice pour banqueroute lorsqu’elle était courtière en assurances, il y a une dizaine d’années. L’affaire concerne la société de courtage BA & CO, créée en 2013 par une amie d’enfance de Magali Berdah, reprise en mars 2014 par la mère de cette figure emblématique des réseaux sociaux, avant d’être placée en liquidation judiciaire en 2015, avec un passif estimé à près de 2,5 millions d’euros.

Si Magali Berdah s’est présentée comme une simple salariée chargée du commercial au sein de BA & CO, l’accusation estime qu’elle en était la gérante de fait. « Elle apparaît comme le personnage central de cette société. Elle s’en défend, mais tous les faisceaux d’indices convergent », a affirmé la procureure, Sylvie Maillard, en requérant également une interdiction définitive de gérer une société. Poursuivie à ses côtés, l’amie d’enfance de Magali Berdah a refusé de répondre aux questions, tandis que sa mère, absente à l’audience pour raisons de santé, n’a donné que des réponses vagues pendant l’enquête. Le parquet a requis de la prison avec sursis à leur encontre.

Entre 2014 et 2015, la comptabilité très floue de BA & CO montre plus de 80 000 euros prélevés en liquide sans justification, tandis que 600 000 euros ont transité sur un compte ouvert au nom d’une secrétaire pour payer les salaires lorsque les avoirs de la société risquaient d’être gelés à la demande des créanciers. Cependant, ce compte présente également des dépenses de luxe (hôtels à Monaco, vêtements, chocolats…) pour un montant total de 27 000 euros, que personne n’a expliqué.

Très combative devant les juges, Magali Berdah a toutefois reconnu une certaine perméabilité entre ses finances personnelles et le compte de la secrétaire : elle a perçu des versements pour son travail et elle a aussi alimenté le compte avec des fonds qui lui avaient été prêtés en 2015. En 2019, elle a par ailleurs été condamnée pour abus de faiblesse après avoir emprunté ces fonds à un homme souffrant de la maladie d’Alzheimer, bien qu’elle affirme avoir tout remboursé, intérêts compris. Cette affaire a conduit les enquêteurs à s’intéresser de nouveau à BA & CO.

Tous les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, notamment ceux de Magali Berdah, critiquant une enquête tardive et peu probante selon eux. « Ce dossier sent le grenier », a ironisé Me Franck De Vita. « S’il n’y avait pas Magali Berdah, il n’y aurait pas de poursuites et pas de procès […] Il fallait une cible, et elle est la seule solvable », a-t-il déclaré. Magali Berdah a, quant à elle, insisté sur la vingtaine de sociétés qu’elle a gérées en son nom au cours de sa carrière : elles ont toutes été liquidées « proprement » selon elle – avec 350 000 euros de passif, a cependant rappelé la procureure. L’agence Shauna Events, créée en 2017 et spécialisée dans la mise en relation entre marques et influenceurs, a fait sa fortune.

Toutefois, elle a connu une « descente aux enfers » en 2022, lorsque le rappeur Booba a commencé à l’accuser de pratiques commerciales trompeuses. L’enquête contre elle a été classée sans suite, tandis que Booba a été mis en examen pour harcèlement moral en ligne aggravé et que 28 internautes ont été condamnés en mars. Le jugement est mis en délibéré pour 25 novembre.