Ce jeudi 10 octobre 2024, le jury des prix Nobel a décidé de décerner le prix Nobel de littérature à l’écrivaine sud-coréenne Han Kang. L’Académie suédoise a salué « sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine ».
Nobel de littérature 2024 : Han Kang récompensée pour sa prose poétique et engagée
Après ceux de médecine, de chimie et de physique, c’est au tour du prix Nobel de littérature d’être annoncé ce jeudi 10 octobre 2024. La prestigieuse récompense revient à Han Kang, 53 ans, autrice sud-coréenne. L’Académie suédoise a justifié son choix en expliquant que cette distinction lui a été accordée « pour sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine », selon le communiqué du jury. Han Kang permet ainsi à la Corée du Sud de décrocher son premier prix Nobel de littérature. Un autre Sud-Coréen avait déjà été récompensé en 2000 : Kim Dae-Jung, président de la Corée du Sud de 1998 à 2003, avait reçu le prix Nobel de la paix pour « son travail en faveur de la réconciliation avec la Corée du Nord ».
En parallèle de l’écriture, Han Kang s’est aussi investie dans l’art et la musique, ce qui se reflète dans son œuvre littéraire. « L’œuvre de Han Kang se distingue par cette double exposition de la douleur, une correspondance entre le tourment mental et le tourment physique, en lien étroit avec la pensée orientale », a précisé l’Académie suédoise. Née le 27 novembre 1970 à Gwangju, en Corée du Sud, Han Kang « possède une conscience unique des liens entre le corps et l’âme, les vivants et les morts. Par son style poétique et expérimental, elle est considérée comme novatrice dans la prose contemporaine », a déclaré Anders Olsson, président du comité Nobel, devant la presse.
Han Kang a percé sur la scène internationale grâce à son roman La Végétarienne (2007). Écrit en trois parties, le livre décrit les conséquences violentes du refus de la protagoniste, Yeong-hye, de manger de la viande, ce qui provoque son rejet par son entourage. L’Académie a mis en lumière comment le personnage principal est exploité « érotiquement » par son beau-frère, un artiste vidéo obsédé par son « corps passif ». Le lecteur suit ensuite sa lente descente dans une psychose, menant à son internement psychiatrique. « Il y a une continuité remarquable dans les thèmes abordés par Han Kang, tout en proposant une variation stylistique notable qui fait de chaque livre une nouvelle exploration de ces thèmes centraux », a analysé Anna-Karina Palm, membre de l’Académie.
Han Kang est également une femme engagée. Elle figurait sur une « liste noire » de près de 10 000 personnalités culturelles en Corée du Sud, accusées d’avoir critiqué la présidente Park Geun-hye (2013-2017). Les autorités auraient tenté de priver ces artistes de toute aide publique et de les placer sous surveillance. Nombre de ses œuvres ont été traduites en français, telles que Pars, le vent se lève (2014), Celui qui revient (2016), Leçons de grec (2017), ou encore Impossibles adieux (2023). Han Kang avait déjà été couronnée en 2016 du Man Booker Prize, l’un des principaux prix littéraires pour les écrivains de langue anglaise.
Il reste à découvrir les lauréats du prix Nobel d’économie, annoncé le lundi 14 octobre, et du prix Nobel de la paix, attendu pour ce vendredi 11 octobre.