Le coeur encore endolori par la perte tragique de son mari, Jeannette Bougrab exprime son indignation, sa tristesse et sa colère. Car, selon elle ce drame aurait pu être évité.
« J’ai perdu l’être aimé »
« Je suis là en tant que femme qui a perdu son homme, qui a été assassiné par les barbares », a déclaré Jeannette Bougrab, secrétaire d’État chargée de la jeunesse et de la vie associative sous Nicolas Sarkozy et compagne de Charb, le regretté directeur de publication de Charlie Hebdo. Sur le plateau du journal de 20 heures sur TF1, en proie au chagrin, elle ajoute : « Je l’appelais mon amour. Je n’ai pas perdu Charlie Hebdo, j’ai perdu l’être aimé. » Dans la douleur qui l’étripe, Jeannette Bougrab garde la meilleure image de son bien-aimé: « C’était un combattant… un militant. Il voulait se tenir debout. Mais d’un autre côté, il avait fait une croix sur pas mal de choses dans sa vie privée. Il vivait avec la peur et il savait qu’il allait être un jour assassiné. »
« On les a stigmatisés »
Révoltée, Jeannette Bougrab accuse la France et tous les gens qui ont pointé du doigt Charlie Hebdo avant même le drame du 7 janvier. « Il a payé de sa vie, il a été assassiné, il a été exécuté et je ne veux pas que l’on prenne ça avec de la légèreté. Il savait quel était son combat… Maintenant, tout le monde se réunit autour de Charlie Hebdo, mais il y a quelques semaines encore on les accusait d’être islamophobes, on les accusait d’être racistes. On les a stigmatisés et pointés du doigt pour les faire assassiner », dénonce -t-elle avec le peu de force qui lui reste.
«Tout le monde est coupable ! »
Jeannette Bougrab continue : « On a été coupable, la République a été coupable. Ils étaient systématiquement protégés par la police, recevaient des messages de haines sans que personne, dans l’indifférence, se lève pour les défendre. C’est la réalité, on aurait pu éviter ce massacre et on ne l’a pas fait.» Prévenante, l’ex-secrétaire d’État voulait même partir de la France avec Charb pour se protéger des risques qu’il encourait, mais le directeur de publication du journal satirique n’a jamais voulu quitter le territoire. C’est avec regret que Jeannette déclare : « Je pense que l’on aurait dû partir… »